Investissement Financier
Investissement Financier | 30-03-2020
Les marchés financiers sous pression
Alors que le coronavirus impose un confinement à près de la moitié de la population mondiale, le mois de mars a été le théâtre d’une véritable tourmente sur les différents marchés mondiaux. Il n’a ainsi fallu que 22 jours aux marchés actions des pays développés pour perdre 20% (synonyme d’entrée en marché baissier, ou « bear market » selon la terminologie anglo-saxonne). Pour mémoire une telle baisse avait pris 250 jours en 2007/2008.
Certaines stratégies de gestion n’ont pas toléré ce niveau de volatilité et ont été contraintes de réduire leur risque, les ventes forcées ayant accéléré la baisse des marchés.
Les marchés reprenaient leur souffle la semaine dernière : hausse du CAC 40 de 7,5% et +6% pour le S&P 500 en euros (actions américaines). Cette hausse faisait suite à une amélioration du sentiment des investisseurs en réponse aux annonces des banques centrales et des gouvernements. Ces derniers mettent en place des programmes massifs de soutien à l’économie, aux ménages et aux entreprises pour faire en sorte que le ralentissement économique, bien que d’une force sans précédent, reste transitoire.
Le premier point à analyser pour évaluer l’impact économique du Covid-19 reste l’analyse de l’épidémie
En effet, sa propagation conditionne la durée du confinement, et donc les répercussions sur l’activité économique.
Sur ce point, la bonne nouvelle est que le confinement fonctionne : la situation est sous contrôle en Chine et en Corée, les deux premiers pays touchés.
En Italie, premier pays touché en Europe, le nombre de nouveaux cas est en décélération, en particulier dans les premières régions touchées par l’épidémie où la décélération est significative. Dans le reste de l’Europe, les chiffres de cas contaminés continuent de se détériorer en tendance, mais restent en ligne avec les projections des experts.
Le point d’interrogation porte principalement sur les Etats-Unis, qui devraient bientôt devenir le premier pays pour le nombre de cas reportés. Son président Donald Trump se refuse toujours à mettre le pays en confinement, même si certains états américains ont pris cette décision au niveau fédéral comme New York ou la Californie.
Les autorités monétaires et les gouvernements ont mis en place des mesures exceptionnelles pour assurer que le ralentissement de l’économie reste transitoire.
La mesure la plus impressionnante provient des Etats-Unis : les Démocrates et les Républicains ont su se mettre d’accord sur un plan de relance de 2 000 milliards $ de soutien aux entreprises (petites et grandes) ainsi qu’aux ménages. C’est très supérieur à ce qui avait été fait pendant la crise financière de 2007/ 2008.
De manière emblématique, l’Allemagne a fait tomber la sacrosainte règle sur l’équilibre budgétaire, et accepte de s’endetter pour financer un plan de relance de 750 milliards €.
Les banques centrales ne sont pas en reste
Après une première série de mesures décevantes, elles ont fini par rassurer les marchés : le programme d’assouplissement quantitatif (ou « QE » = Quantitative Easing) de la Banque Centrale Européenne (« BCE ») est passé de 120 milliards à 750 milliards €, en assouplissant les contraintes sur les actifs éligibles au programme. La Reserve Fédérale américaine (« Fed ») a quant à elle annoncé un QE illimité aussi bien de par sa taille que par sa durée dans le temps.
Ces mesures sans précédent ont ramené de la sérénité aux intervenants, ce qui a porté les marchés depuis la semaine dernière.
Les premiers chiffres économiques du mois de mars sont très mauvais, mais cela était attendu.
A titre d’exemple, les chiffres du chômage aux Etats-Unis ont atteint 3,2 millions de nouvelles demandes la semaine dernière, c’est cinq fois plus que le précédent record atteint en 1982 en plein choc pétrolier, avec près de 700 000 nouvelles demandes de chômage.
Les chiffres donnent le vertige mais il convient de relativiser : l’économie subit un arrêt partiel et planifié de son activité. Cela ne remet pas en cause la capacité de rebond post crise sanitaire.
Notre sentiment sur les marchés financiers
Nous avons besoin de trois conditions pour que les marchés financiers puissent sortir par le haut de cette crise :
- Un support massif des banques centrales
- Un support massif des gouvernements
- Les premiers signes de point d’inflexion de l’épidémie partout dans le monde
Concernant les deux premiers points, nous considérons qu’ils sont validés : l’action des banques centrales et des gouvernements a été déterminée et les montants sont sans précédents.
En revanche, nous avons besoin de meilleures nouvelles sur le troisième point : en effet, tant qu’une région du globe reste touchée par le virus, sa demande restera en berne, et affectera la croissance des autres économies quand bien même sorties de la phase de confinement.
A cet égard, l’attitude de Donald Trump vis-à-vis du virus n’est pas rassurante et pose la question de la durée et la nature de la distanciation sociale à venir aux Etats-Unis, et in fine son impact économique. Ces questions sont pour l’instant sans réponse et constituent un facteur de risque pour les marchés.
Aussi, à l’heure où nous écrivons ces lignes, il nous semble que le scénario court terme est assez symétrique entre potentiel haussier et risque de baisse. Le manque de visibilité sur la durée de l’épidémie et son impact économique nous amène à privilégier un réinvestissement progressif pour nos clients ayant un horizon long terme, et ne craignant pas la volatilité toujours extrême.
Nous ne doutons pas qu’une fois le point d’inflexion de l’épidémie passé partout dans le monde, le nouvel environnement économique soutenu par les gouvernements et les banques centrales présentera des opportunités d’investissement sans précédent pour la prochaine décennie.
D’ici là, nous vous souhaitons bon courage et une bonne santé dans cette épreuve collective.
Synthèse des facteurs clefs :
Facteurs de risque :
- Durée de l’épidémie de Coronavirus
- Impact économique de la distanciation sociale
- Gestion de la crise sanitaire aux Etats-Unis et réaction des marchés
Facteurs de soutien :
- Actions massives des Banques centrales
- Ampleur des relance budgétaires orchestrées par les gouvernements
- Rendements attendus des actions très attractifs sur une base historique
Achevé de rédiger le 30 mars 2020
Les informations présentées ci-dessus ne constituent ni un élément contractuel, ni un conseil en investissement. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.