Investissement Financier
Investissement Financier | 10-02-2016
Fonds en euros : pourquoi ils ne rapportent plus
Les fonds en euros n’ont jamais rapporté aussi peu depuis dix ans : 2,3 % de rendement en 2015. La sécurité est de moins en moins rentable et cette situation pourrait durer.
Que trouve-t-on dans un fonds en euros ?
Les fonds en euros sont constitués essentiellement d’obligations d’Etat et d’obligations d’entreprise. Les gestionnaires de portefeuilles achètent ces obligations et les conservent jusqu’à l’échéance : c’est ce qui permet d’assurer la protection du capital, si chère aux épargnants.
En contrepartie, un fonds en euros ne peut pas rapporter plus que les obligations qui le composent. Or, le rendement de ces dernières baisse depuis presque dix ans : pour les obligations d’Etat, il a chuté de 4,31 % en 2007 à 0,44 % en 2015 (voir tableau ci-dessous).
De plus, le plan de « quantitive easing » en Europe et l’inflation ne poussent pas les taux à la hausse en 2016.
Coup de frein sur les actifs plus rentables…
Outre les obligations, un fonds en euros comporte environ 20% d’actifs diversifiés (actions, immobilier, high yield). Ces actifs plus risqués sont aussi plus rentables à long terme. Les gestionnaires s’en servent pour grignoter quelques dixièmes de points de rendement.
Or, depuis le 1er janvier 2016, une nouvelle réglementation restreint leur marge de manœuvre. Solvency II, adaptation française d’une réglementation européenne, impose aux assureurs d’engager une part de leurs fonds propres sur ces actifs à risque. Question de solvabilité en cas de krach et de retraits massifs des épargnants.
S’ils investissent 100 euros sur de l’immobilier, les assureurs doivent désormais en apporter 25 euros sur leurs fonds propres. Pour des actions, cet apport en fonds propres monte à 40 euros. Pour des obligations d’entreprise, elle peut monter à 60 euros.
… et coup de pouce pour les obligations d’Etat
Par comparaison, on leur demande d’apporter seulement 4 euros pour 100 euros investis sur des obligations d’Etat !
Pour ne pas entamer leur cagnotte, les assureurs vont donc augmenter la part de ces obligations d’Etat dans leurs fonds en euros. C’est bon pour la sécurité des épargnants, mais pas pour les rendements.
A quand des fonds en euros plus rentables ?
Le rendement des fonds en euros ne remontera pas tant que celui des obligations d’Etat restera bas. En revanche, si ces obligations reprennent des couleurs, le rendement pourra s’améliorer.
Pour autant, les fonds en euros ne seront jamais un placement miraculeux, à la fois sûr et très rentable. En 1995, quand ils rapportaient 7 à 8 % par an, l’essentiel des gains était effacé par l’inflation. En 2015, ils ne rapportent que 2 % mais l’inflation est proche de zéro.
Pour protéger son capital, il faut accepter qu’il rapporte peu.
Quels placements pour un peu plus de rendement ?
Courant 2015, nous avons proposé à nos clients fortement investis sur des fonds en euros de réallouer 10 à 15 % de leurs capitaux vers des placements en unités de compte.
Ils sont moins volatils que les fonds actions et connaissent de ce fait des fluctuations à la hausse ou à la baisse moins marquées. Ils ont un potentiel de rendement supérieur aux fonds en euros. Mais ils n’assurent pas, on l’aura compris, la protection du capital.
Faire mieux que les fonds en euros : notre sélection
Nous avions constitué une sélection de trois fonds, pour lesquels la durée minimum d’investissement est de 5 ans :
— un fonds dit « long-short ». Sa gestion est basée sur des positions acheteuses sur les entreprises dont les valorisations paraissent attractives, et des positions vendeuses sur les entreprises dont le flux traduit une dégradation de la profitabilité. Sa rentabilité moyenne ces dix dernières années était de 8 %. Il a évité totalement la baisse de 15 % de l’été 2015.
— un fonds de « gestion quantitative » : il permet de réduire la subjectivité du gestionnaire grâce à un modèle de gestion. Ce fonds a baissé de seulement 3 % pendant l’été 2015 et sert un rendement de 8 à 9 % par an depuis 10 ans.
— un fonds « structuré », dont le rendement est fixé par contrat en fonction de la performance d’un indice boursier. Début 2016, ce type de produit propose des rendements d’environ 6 %.
Ces fonds ne présentent pas de garantie en capital, ils sont sujets à des fluctuations à la hausse comme à la baisse. Par ailleurs, les performances passées ne présagent pas des performances futures.
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