Prévoyance et Retraite
Prévoyance et Retraite | 12-10-2016
Patrimoine : dirigeants non salariés, ne misez pas tout sur votre entreprise
Beaucoup de dirigeants non salariés placent leur entreprise au centre de leur stratégie patrimoniale. Une option qui les conduit à sous-estimer certains risques, notamment pour la retraite.
A la lumière du bilan social et patrimonial que nous réalisons, il existe souvent un écart important entre la situation patrimoniale des dirigeants non salariés et la perception qu’ils en ont.
C’est vrai en matière d’estimation du patrimoine, de prévoyance, pas toujours adaptée, de retraite où le taux de remplacement est très faible. Dans les trois cas, le bilan a le mérite de poser et d’objectiver les choses ; donc, de permettre une adaptation de la stratégie.
Patrimoine : faut-il y intégrer sa société ?
Les dirigeants non salariés que nous conseillons gagnent en moyenne 80000 à 200000 euros par an.
Leur patrimoine non professionnel varie entre 500000 euros et 3 millions d’euros. Il est majoritairement constitué d’immobilier, acquis en prévision de la retraite et accessoirement, à des fins de défiscalisation. L’effet de levier du crédit est bien utilisé, d’où un certain niveau d’endettement.
En revanche, le patrimoine financier est très limité, sauf exception : héritage, revente d’une précédente société, hauts revenus dégageant une forte capacité d’épargne…
Trop d’aléas pour l’entreprise à 45 ou 50 ans
Nous ne comptabilisons pas l’entreprise dans le calcul du patrimoine, à moins que le dirigeant soit tout proche de la retraite. Mais s’il a 45 ou 50 ans ans, il est trop tôt pour considérer comme certaine la valorisation de sa société : trop d’aléas de conjoncture, de retournements de marchés, de crises en tout genre…
De même, nous ne prenons pas en compte la totalité de la SCI propriétaire des murs. Qui paiera la remise aux normes des locaux 15 ou 20 ans plus tard ? Seront-ils toujours adaptés pour accueillir une entreprise ? Il est trop tôt pour le dire, et chacun sait que les friches industrielles existent. Précisons que la SCI reste toutefois une excellente option, utile et rentable à court terme.
Prévoyance : des garanties à adapter
Les dirigeants non salariés prennent soin de se couvrir en maladie, invalidité et décès. Mais leur couverture n’est pas adaptée alors qu’ils ont les moyens de se protéger beaucoup mieux.
Ils souscrivent des rentes et des capitaux parfois insuffisants, souvent parce que les contrats ont été mis en place à la création de la société, bien des années plus tôt.
Les barèmes d’invalidité ne sont pas forcément les plus favorables : sujet très technique, sur lequel il faut pourtant se pencher pour s’assurer des revenus suffisants.
Pour le décès, le dirigeant choisit souvent le versement d’un capital, susceptible par la suite d’être mal géré, consommé ou de se dévaloriser : le risque est supporté par les bénéficiaires. Alors que des rentes assureraient des revenus réguliers et certains au conjoint et aux enfants. Dans ce cas, le risque est supporté par l’assureur.
Retraite : un effort d’épargne à intensifier
Les dirigeants non salariés ne peuvent pas attendre des régimes obligatoires de retraite plus de 35 % de leur ancien revenu d’activité. Ils en sont conscients et préparent cette échéance en jouant sur deux leviers :
— l’immobilier, comme évoqué plus haut : mais il génère des revenus lourdement taxés, impose une charge de gestion qui peut devenir lourde avec l’âge… L’immobilier est plus adapté pour constituer du patrimoine que pour dégager des revenus.
— les contrats de retraite Madelin par capitalisation : ils ne sont pas utilisés à hauteur du plafond de défiscalisation.
Au total, les revenus estimés à la retraite des dirigeants sont souvent insuffisants pour couvrir les besoins du ménage. A moins de considérer comme certaines la revente de l’entreprise à bon prix et la poursuite de la location des murs via une SCI…
Dirigeants non salariés, misez sur l’optimisation de votre rémunération
Dans la majorité des cas, le dirigeant peut optimiser sa rémunération pour corriger les faiblesses de sa situation patrimoniale.
En arbitrant entre rémunération nette et dividendes, il réduit sa fiscalité et dégage une capacité d’épargne qui servira à constituer un patrimoine financier.
En arbitrant entre rémunération immédiate et rémunération différée, il peut verser sur un contrat retraite Madelin des sommes déductibles du revenu imposable qui complèteront ses revenus à la retraite.
En complément, nous préconisons parfois d’alléger le patrimoine immobilier, ne serait-ce que pour rendre le patrimoine global plus liquide.
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